dimanche 17 octobre 2010

Ecoute

Etre à l'écoute, de tes mots, de tes pensées, de ce que tu dis, de ce que tu vis.

Ecouter ta voix. Et remarquer, soudain ou peu à peu, que son intonation change, imperceptiblement mais je l'entends : elle se fait douceur, elle se murmure tendre, elle me séduit, invitante, rieuse, cajoleuse, interrogative.

Viens ! dit-elle, elle ne le dit pas mais je l'entends bien. Mes antennes se dressent. Tu le sais, tu en joues ou t'en inquiètes : tu veux ? dit-elle, tu veux, dis, jouer avec moi ? réponds-moi... Elle ne le dit pas en mots, mais les mots sont prétexte, le son de ta voix raconte une autre histoire, que celle de ce questionnement qui me cherche...

Je fais celle qui n'entend pas, tout d'abord, je parle à ta tête : je réponds en mots à tes mots. Mais les miens prennent un double sens, s'amusent à être ambigüs, ou font des lapsus, et me trahissent. Mon rire te le confirme. Tu souris, tes yeux rient. Tu sais que je t'ai capté. Tu sais que tu m'as captée ! Ou captivée, ou capturée ? Sait-on jamais.

Les sens en éveil, j'entends alors d'autres sons : le bruit soyeux de tes mouvements quand tu t'approches. Tes mains qui glissent dans mes cheveux, sur mes vêtements. Tes doigts qui se faufilent dessous, sur ma peau, palpent, agrippent, touchent, caressent... Et encore, et encore... S'y mêlent baisers, et mes mains, qui te caressent... Et puis le bruissement sourd de nos mouvements, de nos effusions...

Me vient alors, peu à peu, l'écho de nos soupirs, de nos gémissements : ça vient de l'intérieur, ça prend source en notre désir, en notre plaisir qui grandit, qui se vit, qui se dit, qui se lâche. Nos corps font percussion, au rythme de notre danse, de ses pas de deux... Nos souffles se mêlent, se syncopent, se retrouvent... Et puis ils s'étirent, en un long cri rauque, échappé à la nuit.


C'est l'heure où tout est silence... Nous l'avons rompu.

Et nos corps, rompus, y retournent...


13 commentaires:

  1. Il m'arrive aussi d'etre a l'écoute de cette reverie ... elle m'inspire ... elle me donne envie ... et petit a petit nous nous apprivoisons ... nous laissons accaparées par nos désirs nos envies ... et ça fini aussi par un cri rauque de plaisir ...
    Très joli reverie en tout cas
    Baisers doux

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  2. autant je n'aime pas l'expression "être à l'écoute", autant j'aime bien ce que tu mets derrière ce mot, mélange de complicité et désir...

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  3. sourire... comme tu as raison...souvent derrière une conversation somme toute assez banale, se cache d'autres désirs...d'autres plaisirs...

    très beau texte et très juste

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  4. Les mots qui ne se disent plus mais s'entendent, les sourires qui en disent beaucoup plus qu'ils ne le laissent voir, les sens qui s'éveillent aux sons les plus diffus ...
    Joli texte aux odeurs de sensualité ...Celle qui se mue dans les grains de poussière dansant dans un rayon de soleil ...

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  5. Des souvenirs en bribes , intenses et pourtant déjà vieux .
    Les jours heureux .
    Le Hutin .

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  6. Ou quand une entente sensible et harmonieuse fait de nous des poupées de sons...

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  7. Etres à l’écoute on emploi cette expression à tord et à travers
    Et pourtant combien de fois on entend seulement, on court tellement, pas le temps d’écouter on se centre plutôt sur soi ce qu’on a à dire est si important !
    Les non dits, les mots cachés le vrai sens d’une phrase apparemment banale qui en dit plus long qu’il n’y parait.
    C’est si beau de tendre une perche ou « tâter » le terrain par quelques mots sans conséquences, tu as su les capter pour ton plus grand plaisir.
    Intelligence ou intuition, je ne sais pas mais c’est bon.

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  8. C'est beau...
    C'est beau et intelligent.
    Arriver à ce degré de connivence, de complicité, d'amour peut être, n'est-ce pas simplement avoir atteint le Graal, l'Eden retrouvé ?
    Plus simplement, le bonheur d'être deux. La raison au bonheur. En tous les cas, une très bonne raion.
    Merci pour ce beau texte. Que ceux qui ont pedu l'espoir d'un jour encore aimer, s'y réfèrent et leurs yeux changeront d'expression, leurs joues reprendront des couleurs, leur corps se remettra à vivre, l'espoir coulera à nouveau dans leurs veines et leur vie reprendra sens.
    Denis

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  9. > Petit Tourbillon : on en rêve... et quelquefois, on le vit ! Baisers doux.

    > photaphil : expression de femme, peut-être, ou déformation professionnelle ! Mais il n'y a pas mieux qu'écouter pour entendre, je crois..

    > Dita : je vois que cela t'évoque quelque chose ! Des baisers.

    > Waid : un art, un talent : on gagne toujours à le cultiver !

    > Chilina : "les grains de poussière dansant dans un rayon de soleil" : ce serait une très belle image, pour illustrer ce texte ! (mais je n'en ai pas trouvé).
    Je crois que tu sais les voir, peut-être même les donner à voir si on ne les voit pas, douce chilina !
    Je t'embrasse.

    > Le Hutin : des souvenirs, des moments vécus ou rêvés : ils sont là, à jamais, rien ne nous les enlèvera !

    > usclade : joli, le jeu de mots sur la "poupée de sons" ! Et en plus, c'est une chanson, bien trouvé pour un billet sur l'écoute... :)

    > Anis : la perception se sert de tout, des sens et de ce qu'on est. Quelquefois on a ces moments magiques, où l'on réussit à capter ça, à trouver cette "entente" : encore un mot du sens de l'audition, pour qualifier l'harmonie !

    > Denis ! merci, et bienvenue ! Heureuse que cette sensibilité vous plaise. C'est un essai pour moi de traiter des cinq sens dans la sensualité, par un petit texte. Ici, l'ouie.
    Et je trouve que par tous ses prolongements, le terme de "sens" va bien plus loin que je ne l'avais imaginé !
    Par les sens, on trouve du sens à ce qu'on vit.

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  10. Tellement longtemps AMBRE... Ton billet est sans doute le plus beau que tu aies déposé. L'écoute, ce sens, est la base des plus belles déclarations, des plus fécondes envies et si par pudeur l'on n'ose dire tout haut ce que l'on ressent fortement sous son poitrail, le timbre, l'intonation de la voix dans ce qu'elle a de sensibilité, de douceur, mutante et (ou) chantante, est et restera sans doute la plus belle codification pour transporter les êtres vers le sommet de l'eden et le paradis des corps... Et là, nulle bénédiction... Seul, l'amour qui tous, nous unit!
    A bientôt j'espère de te retrouver en mes pages... Je sens, comme un abandon!
    Non par la voix qui elle ne transpercera pas cet écran, cette muraille... Mais par le cœur, en toute amitié, je t'embrasse... MICHEL

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  11. Gaffe aux lapsus, quand même ...

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  12. > Michel : Merci ! Pas d'abandon, non... Je suis ici, je suis là, je ne suis pas toujours partout !
    Bises

    > Vic : les lapsus, c'est "tendance", oui ! ;)
    (Les "corps rompus", tu veux dire ?...)

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